Qu'il est bon de rentrer chez soi .. [PV Yazmina]

La couverture doucement posée sur les épaules du jeune homme, Yazmina s'était ensuite, dans un geste respectueux, reculée de quelques pas, le laissant à lui-même, le temps qu'il mettre un peu d'ordre sans ses idées, qu'il en soit réconforté. Elle avait fait ce qu'il fallait, elle le savait en son for intérieur. Maintenant à Nathaniel de retrouver la paix... Du moins, pour un moment. Un paix peut-être légère, superficielle, mais qui nous a tous déjà réconfortés, comme une caresse à l'intérieur de soi, qui vient, pleines de bonnes volontés et de tendresse et qui repart emmenant avec elle les soucis et les mauvaises pensées.

Elle entendit la respiration du jeune homme se régulariser, et sourit doucement, portant son regard vers lui, qui était toujours détourné, mais désormais appaisé. Elle se passa la main dans les cheveux, regarda à terre, ne sachant plus maintenant quoi vraiment faire. Et ce fut lui, à son tour qui lui répondit. Il s'était levé et approché d'elle. Doucement, fermement, il avait posé ses mains sur les épaules de la jeune femme et avait plongé son regard brillant dans le sien, pour murmurer de ses lèvres un merci sincère. Elle lui sourit, fit son regard apaisant.

- Vous m'en voyez heureuse. Tout le monde a besoin de réconfort un jour ou l'autre, n'est-ce pas.

Elle aurait aimé dire encore plus, faire encore plus. Mais cela était-il réellement utile. Et de plus, un toucher pouvait parfois sembler... Bref, elle se contenta de lui sourire et posa sa main droite sur la main gauche du jeune homme, toujours sur son épaule à elle.

L'éclat dans son regard venait de s'embraser. Elle avait ce regard et ces mots propres à une femme de calme et de droiture. Il inspira profondément, se sentant renaître, alors que la femme murmurait d'une voix sincère, aucune once de mensonge dans le regard. Etait elle vraiment sincère ? Ca, l'homme ne pouvait plus vraiment en douter. Comme si le souffle de Nath rentrait pour la première fois dans ses poumons, la brise envahit la pièce, par le biais de la fenêtre qui s'ouvrit en grand. Le vent les fouetta quelque peu, otant un léger frisson à Nathaniel, qui eut un léger sourire. Les bougies s'éteignirent sans un bruit, sous le coup du vent d'Est glacé. Le jeune homme sentit la main fine de la Dalharen contre la sienne, et son coeur s'emballa quelque peu. Il ferma les yeux, vivement, sourcils froncés.

Calme toi, Nath', calme toi. Elle est ton hôte et tu te dois de rester courtois et poli. Ne tente rien, Nathaniel. Etre un homme ne te permet pas de souiller la mémoire de ta défunte Aimée.

Il soufflait un peu plus rapidement, tentant de reprendre une contenance, et de mettre les idées au clair dans sa tête. Se calmant enfin, il capta le regard de la femme malgré la nuit noire et les bougies éteintes. Elle devait avoir froid ..

Il aurait dû aller fermer la fenêtre. Mais s'éloigner d'elle, il n'en avait pas vraiment envie. Il lâcha alors les épaules de la femme, et ouvrit grand les bras. Là, il approcha, jusqu'à sentir la poitrine de la femme contre son buste. Il referma les bras, ses mains tenant toujours la couverture, les enveloppant ainsi dans un cocon protecteur. Il murmura quelques paroles comme pour lui promettre que c'était dans le but de la réchauffer. Pourtant, alors qu'il était concentré sur l'odeur de la femme qu'il reniflait depuis quelque secondes déjà, il lui crut sentir le coeur de la femme battre un peu plus fort. Ses mains laissèrent tomber la couverture à terre, dans un bruit étouffé. Ses yeux se perdirent dans ceux de la femme, alors qu'il se redressait, reculant d'un petit pas, retenant son souffle en plongeant dans son âme par le biais de ses yeux.

Sa main était toujours posée sur celle du jeune homme. Elle le regardait toujours et vit le regard de Nathaniel, en quelques instants s'embraser. Un frisson la parcourut jusque dans le bas du dos. Celui qui se tenait devant elle paraissait croire en ses paroles, en son regard simple et vrai, qui s'adoucissait au fil des secondes. Il avait bien raison de croire Yazmina, elle ne mentait qu'en rares occasions. Seulement pour se sortir du pétrin lorsqu'elle était face à un ennemi... mais jamais elle n'aurait menti à quelqu'un que sa non-franchise aurait pu blesser.

Après un moment, il retira ses mains des épaules de la jeune femme, pour lui ouvrir ses bras. Elle ne put que rester interdite, surprise, de ce soudain changement. Voilà que bientôt, il la serrait contre lui, leurs corps se touchant. Ses bras s'étaient refermés sur elle et avec la couverture, formait une barrière au monde extérieur. Plus qu'eux deux, seuls. Il disait que c'était dans le simple but de la réchauffer, elle ne put que sourire ; elle en avait vu d'autres. Mais son coeur battait maintenant la chamade, elle ne voulait plus reculer, elle voulait rester là où elle était, bien dans cette étreinte. Mais si la couverture sur leurs bras formaient une barrière, entre eux deux aussi, il y en avait une. Sans doute plus du côté de Nathaniel, mais elle ne le lui reprochait point. Celui qui l'avait blessé ne la retenait pas de retrouver la douce sensation des bras d'un jeune homme autour de sa taille, mais pouvait-elle courrir le risque que celui en face d'elle parte aussitôt, comme la toute dernière fois ? Du côté de Nathaniel, une présence plannait aussi. Celle-ci était toutefois plus forte, plus grande, moins abstraite. Un plus grand dilemme se posait.

Mais lorsqu'il la regarda, semblant se noyer dans l'océan bleu qu'offrait les yeux de la jeune femme, elle ne put résister. Elle approcha doucement son visage du sien, leurs lèvres s'effleurant. Or, au moment où un baiser allait prendre forme, elle détourna la tête. Elle se maudit. Elle n'aurait en aucun cas voulu arrêter cet acte. Elle ne l'avait pas fait pour elle, mais pour lui. Car elle ne voulait pas s'imposer, casser cette barrière, sans le consentement du jeune homme. Elle ne le pouvait. Elle se serait senti comme une de ses femmes cruelles qui volent le coeur d'un homme, appartenant à une autre. Elle aurait tant aimé se tromper sur ce point...mais voilà.

Nathaniel sentait que le silence était pesant. Pour toute réponse au regard embrasé de la femme, il laissa le sien choir à terre, regardant la couverture tombée au sol. Il triturait ses doigts, ne sachant plus trop quoi faire de ses mains, et bientôt, ses lèvres s'entrouvrirent et frémirent à peine alors qu'il se perdait en excuses. Il finit alors par lui dire, clairement, et dans un soupir.

"Je n'aurai pas d.."

Rien à faire, elle le prit de court. Les mains féminines se posèrent sur ses bras, et il en frémit de tout son long. Redressant la tête pour plonger dans le regard de la femme le sien, interrogateur, il vit qu'elle avait approché son visage près, bien trop près. Leurs lèvres s'effleurèrent l'espace d'un instant seulement, bref, et il sentit le souffle court de l'elfe envahir son menton et ses lèvres. Il entrouvrit les siennes, avec douceur, mais rien de plus ne vint. Elle détourna la tête d'un air triste et désolé. L'homme tenta de reprendre une certaine contenance. Alors qu'il avait réussi à prendre sur lui, voila qu'elle avait failli faire céder toutes ses barrières en quelques secondes. Inspirant profondément, il la bénit en silence d'avoir empêché son mur de s'effondrer. Il voyait le regard désolé de la femme, et le comprenait. Le sourire qui se mua sur son visage fut tendre et reconnaissant. Un soupçon de tristesse résonnait pourtant dans le ton de sa voix rauque

"Ne t'inquiète pas, je comprends .."

Il avait mal compris. Mais il était certain qu'il se passait un déluge sans fin dans l'esprit de la femme. Il la sentait récalcitrante. Il repensa à son dos, nu, qu'elle avait eu sans doute le loisir d'observer. Ce même dos couturé de larges cicatrices, plus ou moins vieilles. Des entailles profondes, des estafilades qui couraient le long des muscles de son dos, des plaies entre ses omoplates. Son sourire fut triste, mais compréhensif.

Il la dégoutait. Il ne l'attirait pas. Par pitié pour lui, elle s'était avancée, croyant sans doute qu'il voulait cela .. Mais rien à faire, il était si affreux qu'elle n'avait pu que se détourner. Le coeur y était, il sentait que la femme avait fait ce qu'elle pouvait pour lui. Son regard était pourtant vide, et triste. Non, elle ne l'avait pas déçu. Il n'était pas vraiment avenant physiquement, ou tout du moins, il l'avait toujours pensé. Depuis qu'il avait embrassé des femmes, elles avaient toutes disparu un jour ou l'autre. Amatirë. Amberle. Et maintenant Elle. Elle disparaîtrait sans même l'avoir réellement embrassé. Elle avait fait le bon choix. Le choix de la sincérité. De ne pas faire quoi que ce soit sans le vouloir. Il se libéra avec douceur de son étreinte. A la lueur de la lune, son torse était luisant de sueur. La température avait monté d'un cran brusquement, et elle allait baisser tout aussi vite. Après un petit soupir, accompagné d'un sourire pour lui prouver qu'il ne lui en voulait pas, il se laissa de nouveau tomber sur sa couchette, exténué. Fallait qu'elle dorme, la jolie femme sincère. Avant de disparaître, comme les autres.

Il se sentait atrocement laid. Mal dans sa peau. Se tortillant sur sa couchette, il se sentait mal, le coeur lourd. Finalement, il murmura, toujours allongé et dos à elle

"Tu sais .. Je peux me métamorphoser en un bel homme .. Si ça peut aider .."

Il ne voulait pas copuler avec elle. Il ne voulait pas prendre un plaisir solitaire et avide avant de la jeter comme ils faisaient tous. Il voulait juste un peu de tendresse, de douceur. Des câlins à longueur de temps. Le reste viendrait tout seul, et si le courant passait réellement entre eux, peut être que oui, ils feraient l'amour.

Toujours surprise et mécontente de son geste, elle continuait de détourner la tête, ne pouvant supporter son regard. Si elle-même se sentait ainsi chamboulée, elle se demandait bien ce que pouvait en tirer le jeune homme à cet instant. Il deserra son étreinte alors qu'elle soupirait de rage contre elle seule. Il lui dit comprendre son geste. Elle ne put qu'hocher la tête, nerveusement, comme pour aquiescer d'une chose qu'elle savait fausse...qu'elle sentait fausse. Elle n'avait point besoin de son don à ce moment précis pour savoir que le jeune homme n'avait au contraire rien compris. Car elle pouvait lire, dans ses yeux, le dégoût qu'il éprouvait pour lui-même, l'illusion que c'était pour cette raison précise qu'elle s'était détournée. Il avait tout faux.

Il soupira, se laissa tomber sur sa couchette, le regard vide, fixant le sol de bois. Elle s'agenouilla sur la sienne, les yeux toujours baissés, sans un mot. Elle inspira, difficilement, d'un souffle tremblant. Leva les yeux au ciel, consciente de ce nouveau silence maladroit et gênant. Il était désormais allongé, lui tournant le dos. Une fois de plus pour cela aussi. Puis prononça quelques paroles qui vinrent la chercher. Elle releva la tête d'un coup sec, fixant le corps du jeune homme. Elle se rapprocha de lui et le fit se retourner de la main qu'elle posa sur son épaule. Il lui faisait maintenant face. Elle hocha la tête de gauche à droite, de déni.

- Non...arrête de dire de telles choses.

Elle caressa son doux visage de sa main. Quel idiot ! Croyait-il réellement en ce qu'il disait là. Dans son cas, elle n'y croyait pas...du tout. Il était déjà beau, avec cette peau bronzée, ce regard à la fois simple et pleins de questions. Et de plus, il avait une personnalité si unique, si adorable à ses yeux. Car Nathaniel était tout. Simple et compliqué, doux et brûlant comme un brasier. Il était, en lui-même, tout son contraire. Il était simplement un homme que Yazmina ne pouvait s'empêcher d'apprécier... et d'aimer ?

Le silence paraissait interminable à l'homme au coeur serré. Il sentait le coeur qui palpitait encore quelques secondes auparavant, il le sentait mourir, devenir aussi lourd que de la roche, si lourd que si Nath' tentait de marcher, il en trébucherait. L'image de lui quand il fut à l'abbaye avec les autres enfants, et où on s'était moqué de sa peau un peu trop noisettée, et de ses cheveux trop sombres. Ils étaient presque tous blonds, à l'abbaye. Ou albinos. Lui, il était différent.

Depuis sa plus petite enfance il était le bouc émissaire. Depuis toujours quelque chose de pas très joli le démarquait des autres. Son dos couturé de cicatrices venait allonger considérablement la liste du "pourquoi faut il être dégouté de Nath". Sa tempe contre le sol, il sentait le sang venir irriguer faiblement son cerveau vide de tout, sauf de dénigrement envers lui. Il se détestait. Il avait lu en la femme comme dans un miroir. Sa mine était renfrognée et dure, il le sentait. Mais il savait aussi que tenter de sourire lui arracherait de la douleur tant ce serait faux. Alors, silencieusement, il restait tapi là, n'attendant même plus de réponse à sa phrase prononcée dans un murmure qu'il aurait voulu inaudible. Il regrettait déjà d'avoir dit ça.

Les doigts tièdes contre son épaule le firent frémir de tout son long. Un râle étouffé s'échappa de ses lèvres, de surprise, alors qu'il écarquillait un regard ahuri. Déjà, elle l'avait mit sur le dos, de façon à pouvoir le regarder en face. Les longs cheveux, véritable champ de blé cascadaient magnifiquement sur le torse d'un Nath' qui ne comprenait plus rien.

Arreter de dire quoi ? La vérité ? Elle venait elle même de lui prouver qu'il devait se conforter dans son idée ! Que se passait il ? Avait elle de la pitié à le voir ainsi ? Voulait elle se délester du fardeau de la culpabilité de le rendre malheureux à mourir ? Il se le demandait.

Se redressant avec lenteur, il sentit la main douce s'apposer contre sa joue brûlante. Clignant des yeux un peu, tentant de s'assurer que ce n'était un rêve, il posa sa main sur celle de Yazmina, l'enveloppant sur sa joue pour qu'elle ne s'en aille jamais. Un soupir long fendit le silence. Son murmure fut triste et désolé

"Yazmina .. J'veux en rien te forcer .."

Le vouvoiement était passé à la trappe. La courtoisie d'un homme qui parle à son hôte également. Et alors que la femme assimilait les paroles de Nath', ce dernier se laissa tomber très lentement vers l'avant, et son front alla toucher l'épaule de l'elfe. Il ferma les yeux, la respiration calme, voulant rester ainsi caché pour ne pas la voir encore une fois dégoutée de son corps et de son âme.

Elle ne pouvait pas savoir. Elle ne pouvait pas comprendre. Ou du moins, elle ne le voulait pas, car son don aurait pu le lui permettre. Mais, dès qu'elle avait découvert cette différence qu'elle avait - les "dons" plutôt inusitués étaient décidément héréditaires. Sa mère pouvait faire comme elle, son père pouvait, comme Nathaniel, prendre forme animale, et sa grande soeur pouvait devenir invisible selon son gré - elle s'était promis de ne jamais en abuser. Elle n'avait point le droit de s'immiscer dans le jardin secret de quelqu'un, elle s'en était fait, bien tôt, la promesse. C'est pourquoi elle ne pouvait que comprendre l'état et les pensées actuelles d'une personne. Bref, elle ne chercha pas à comprendre à quoi Nathaniel songeait...à vrai dire, elle ne se rendit même pas compte qu'il réfléchissait, se remémorait ces souvenirs à toute vitesse.

Alors qu'elle posait une main sur son épaule, elle l'avait senti frémir à ce contact soudain. Il s'était retourné et ne détournait maintenant plus son regard de celui de la jeune femme. Il avait une lueur d'incompréhension dans les yeux et un moment, sembla vouloir la contredire. Pourtant, il devait la croire. Il parla doucement, la tutoyant soudain, alors que sa main bazanée venait se poser sur celle de Yazmina, l'emprisonnait doucement. Aux paroles du jeune homme, elle eut un petit rire.

- Personne ne me force jamais. Je fais mes propres lois...

Encore une fois, elle n'était que sincère. Elle avait toujours fait ses lois, puisqu'on l'avait toujours laissée le faire. Mais elle n'en était pas devenue gâtée ou contrôlante. Elle avait appris comment se dicter en elle-même. Elle décidait ce à quoi elle répondait, ce qu'elle acceptait ou refusait. Certaines personnes même, pouvaient devenir une de ses lois. Si elle agissait ainsi avec lui en ce moment même, c'était parce qu'elle le voulait. Parce qu'elle le ressentait ainsi. Encore une fois, elle se dictait elle même.
Il se releva et doucement, lova sa tête dans le creux de l'épaule de Yazmina. Il resta ainsi, immobile, son souffle chaux et régulier courant sur la peau de la jeune femme. On aurait dit un enfant qui se cachait, là, pour ne plus voir ces monstres derrière lui, ces ombres effrayantes. Yazmina caressa les cheveux du jeune homme et murmura.

- Je ne te demande qu'une chose Nathaniel. Arrête de te méprendre à propos de ce que je ressens pour toi. Parce qu'en rien au monde ces sentiments ne pourraient être négatifs...

Tous ces souvenirs hantaient son esprit déjà embrumé depuis des lustres. Il ne savait pas du tout quoi faire, et pour une fois, était bel et bien perdu dans ce monde qu'il pensait connaître par coeur, lui, humble sage, noble érudit, mais petit Homme dans l'âme. Un soupir léger s'échappa de ses lèvres, il sentit Yazmina se raidir un peu. Rien qu'un souffle la faisait tressaillir. Dégout ? Il n'en doutait plus. Alors, lentement, il se décida à partir. Il se vit se redresser, lui adresser un sourire vide de toute expression, et disparaître, lui laissant tout, retournant à Cala pour se faire les pieds.

Il voulut le faire, n'eut le temps que de le penser. Les mains fines et graciles de la femme allèrent se perdre dans sa tignasse sombre ébouriffée. Il ferma les yeux, bercé par ces doux gestes qu'il aurait tant aimé retrouver. Sa mère lui faisait toujours ça avant de s'endormir. Caresser ses cheveux et chanter pour lui. Il eut un demi sourire triste, puis écouta la femme, qui se remit à parler.

Alors c'était ça. D'accord. Il était temps de tout lui avouer. Elle lui en voudrait sûrement. Mais il fallait crever l'abcès de suite. Soupirant longuement, il se redressa, emprisonna le poignet qui caressait ses cheveux dans sa poigne de fer, et plongea dans le regard de la belle.

"Peut être me supportes tu, peut être ma vue n'est elle pas tant horrible à tes yeux. D'accord. Je peux le concevoir, difficilement, mais je peux."

Il inspira profondément, ses yeux se résumant à de minuscules fentes brillantes de sincérité

"Mais j'ai vu. J'ai vu tes lèvres trop près des miennes. Et alors que je pensais que tu ferais quelque chose, j'ai vu. Un homme. Mauvais. Pas moi. Je l'ai vu clairement. Là."

Il posa une main sur la poitrine de Yazmina, du coté gauche. Au dessus de son coeur. La chaleur de sa paume se diffusa contre le coeur de la femme. Il plongeait toujours dans son regard, intensément. Comprenait elle ? Il espérait ne pas lui faire de mal en parlant ainsi. Peut être aurait elle voulu lui cacher cet homme ? Faire de Nathaniel son amant ? Il n'en savait rien. Ce qu'il savait c'était que lui aussi, se sentait coupable.

"Je n'ai jamais vraiment guéri moi non plus. Elle s'appellait Amberle."

Un sourire terne éclaira quelque peu son visage. Pourtant, la tristesse régnait dans ses yeux. Il sentait son coeur se serrer. Il se demandait si pour cette fois, juste cette fois, ils devaient oublier ce qui se cachait dans leur coeur, et vivre pleinement l'affection qu'ils partageaient l'un pour l'autre.

Au contact furtif des doigts fins de la Dalharen à travers sa tignasse, le jeune homme avait frémit. Il semblait y prendre plaisir, détendu et calme. Il était toujours contre elle, dans la même position, tête blottie. Elle avait cette odeur chaude et douce de la vanille... Yazmina avait parlé, dans un murmure, qui avait toutefois son sérieux, sa présence. Il l'avait écouté, attentivement. Désormais, un silence s'était, de nouveau, installé. À croire qu'il aimait bien leur tenir compagnie ! Nathaniel semblait réfléchir, sans se presser toutefois. Yazmina pouvait deviner ses yeux, dans le vague, sentir ses pensées, s'assembler, se classer. Au bout du compte, il semblait l'avoir bien comprise.

Leurs yeux se croisèrent, elle sentait la poigne de fer qui enserrait, sans brutalité, son poignet à la peau de pêche. Elle l'écouta, ne pouvait détacher son regard de ce visage qu'elle appréciait de plus en plus, chaque seconde. Il marqua une pause, continua. Un frisson la parcourut lorsqu'il apposa sa main, elle sentait cette chaleur humaine, masculine, qui la traversait. Son regard se fit plus doux. Mais bien vite, des paroles le troublèrent.

- Le passé, c'est le passé. Et là-bas est celui que tu as senti. Loin, derrière. Je ne me freinerai pas, ne construirai pas mon futur en fonction de ce qui est arrivé avant. Sinon...

Pendant un instant, elle hésita à continuer. Elle venait de dire que cet homme qui avait traversé ses pensées, un instant, n'était que du passé. Alors pourquoi cela l'avait-il freiné quelques instants plus tôt. À bien y penser, ce n'était pas lui qui l'avait freiné, c'était simplement le souvenir de la tristesse, la colère qui étaient nées de ce moment, lorsqu'elle avait su que le coeur de celle qu'elle aimait, de celui qui jouait avec elle, était déjà pris. Voilà ce qui la dérangeait encore...un peu. Mais alors que pour elle, c'était seulement un état d'esprit qui formait sa barrière, pour lui, il y avait une réelle présence. Quelqu'un. Et c'était contre ses principes.

- S'il y a quelqu'un, Nathaniel, alors c'est peine perdue.

Elle n'avait pas dit cela pour le punir, pour lui poser dilemme. Seulement parce que aimer sans retour, c'était trop pour elle. Elle l'avait déjà vécu. Deux fois. Trop. Bien sûr qu'elle se sentait attiré par Nathaniel... mais un moment d'affection, même un seul, n'était pas assez. Aimer, être aimée, tel était son but. Trouver cela, un jour. Elle ne lui demandait rien. Mais ne partager avec lui que quelque chose qui n'avait pas de lendemain, cela lui était impossible... Elle soupira.

Il aurait voulu la voir comprendre, comprendre mieux que ce qu'il venait de lire dans ses yeux. Il aurait voulu qu'elle se cale contre lui et, soupirante de soulagement, se laisse aller à la chaleur qui envahirait sa peau, et au parfum puissant de l'homme qui enivrerait ses sens. Elle se laisserait bercer la nuit entière, s'endormant dans des bras qui la protégeraient de tout. Il aurait voulu, oui. Mais vouloir n'est pas faire.

Un soupir bref s'échappa de ses lèvres. Il relâcha lentement le bras de la femme aux cheveux d'or, troublé, et détourna sur la fenêtre ouverte un regard vide, pensif. La première phrase l'avait réchauffé, rassuré, lui avait montré qu'elle s'était enfin tirée des griffes et crocs de cet homme qui se disait bon, et qui semblait plutot profiter d'elle. Il aurait pu se contenter de cela, la savoir libre, ivre de joie, dans la fleur de l'age, de la candeur dans son regard doux ..

Il n'en fut rien. Dès qu'il parla d'Amberle, le visage de Yazmina se ferma quelque peu. Il n'ajouta rien de plus que le strict minimum, sentant que la femme n'aimerait pas entendre la suite. Leurs regards se croisèrent pourtant. Il déglutit avec peine, se triturant les mains d'angoisse, les sourcils arqués, soucieux. Il aurait tant voulu croire qu'une étreinte tendre et chaude aurait suffi à lui rendre sa joie de vivre. Il aurait tant voulu la voir sourire ..

C'est peine perdue. Elle a raison. La voix de la sagesse vit en elle. Qualité honorable et appréciable. Il aurait aimé en rester là, s'il n'avait senti une certaine hésitation poindre dans cette phrase. Comme si elle n'était pas certaine de ce qu'elle affirmait.

Il posa sur elle un regard profond et doux et lentement, son index alla effleurer la joue de Yazmina. Il ramena une mêche ambrée de ses cheveux derrière son oreille. Là, la regardant dans les yeux, un sourire éclatant de tendresse pointa sur son visage d'ange.

"J'espère vraiment qu'un jour, tu trouveras le chemin du bonheur, Yazmina .."

Il était sincère dans ses paroles. L'éclat dans son regard pouvait le prouver. Son coeur battait en un rythme calme et régulier. Tout allait bien. Plus aucun risque. Amberle était sauve.

Venait-elle de commettre une erreur ? Sa tête lui disait qu'elle avait eu raison, son coeur disait le contraire. Là voilà qui était perdue en elle-même, se livrant à elle seule ce combat intérieur. La raison contre les sentiments, cela l'horripilait au plus haut point. D'un côté, elle se disait qu'elle n'avait pas sa place, qu'elle n'avait point le droit de s'immiscer entre deux personnes. Et encore là, elle n'y voyait pas clair. Cette jeune femme, Ämberle, il l'avait bien sûr aimé. Mais parlait-il d'elle au présent, comme une personne encore vivante en lui, ou au passé, comme un souvenir que l'on ne peut oublier, dont on s'est durement détaché. Elle ne savait pas, elle ne savait plus. Elle ne pouvait même pas dire si en ce moment elle ressentait de la jalousie. Peut-être, un peu.

D'un autre côté, son coeur, qui lui criait sa rage pour ce qu'elle venait de faire. Elle semblait l'entendre lui hurler de se jeter immédiatement dans les bras de Nathaniel et de profiter de ce moment. Mais voilà, elle était tiraillée d'un côté comme d'un autre. Ne sachant plus que faire. Or, il y avait une chose dont elle était certaine, et c'était cela qui la dérangeait le plus... elle l'aimait. Cela ne la dérangeait pas parce qu'elle en avait honte, non. Seulement, était-elle prête à se jeter dans le vide ainsi en lui avouant ses sentiments ? Elle pouvait tomber pour atterir doucement, réconfortée...comme elle pouvait frapper le sol dur. Et surtout, elle ne voulait pas le mettre dans l'embarras... n'y avait-il pas une autre femme qu'elle ?

Elle croisa son regard. Grave erreur. Elle pouvait presque y déceler du soulagement. Mais en était-ce ? Elle ne savait pas, tout en elle se chamboulait, comment aurait-elle pu avoir réelle conscience de ce qui se passait ailleurs. Voilà qu'il croisait désormais son regard. Ses yeux foncés exprimaient une telle tendresse, elle se sentit défaillir sous ce regard. Son index se posa sur sa joue, la caressa, doucement. Il sourit. Pourquoi !

Voilà qu'il parlait. Sans le savoir peut-être, il venait de lui ouvrir une porte, une solution à cette tourmente intérieure. Elle allait y entrer. À lui ensuite de décider s'il la chassait où la gardait à l'intérieur. Qu'il lui dise au moins ce que lui ressentait. Elle le regarda, sourit tristement, les yeux brillants cherchant encore cette tendresse dans le regard du jeune homme qu'elle avait vu quelques secondes plus tôt.

- Et tu crois que ce chemin, tu pourrais y être avec moi ?

Son regard cherchait la réponse, qu'elle lui parvienne. N'importe laquelle. Vite. Qu'on en finisse.

Son regard se perdit dans les méandres de celui de la femme. Il la fixait, longuement, conscient d'être sauvé de toute implication dans une relation, qu'elle soit charnelle ou sentimentale. C'était ce qu'il croyait, elle se fondait dans son regard à lui, tendre et soulagé, sans s'en offusquer. Le verdict d'en rester là devait donc être à son aise. Les doigts toujours effleurant sa joue, il cligna longuement des yeux, fixa la Dalharen avec douceur, et un tendre sourire suivit le précédent, espérant ainsi la faire sourire elle aussi.

Mais l'humeur de la femme n'était au beau fixe. Elle était troublée, ça se sentait. Nathaniel fronça des sourcils en penchant légèrement la tête de coté, fixant la belle d'un regard soucieux. Il ne souriait plus. Que lui arrivait il ? Elle semblait complètement perdue, ballotée entre deux raisonnements clairs mais dont elle était incapable de faire un choix.

Puis, le regard brillant, elle alla se ficher en lui, prononçant des paroles lourdes de sens, brisant ainsi le silence pesant de la nuit. Il écarquilla des yeux surpris, la fixa, espérant qu'elle se ratrappe et avoue qu'elle ne disait pas cela sérieusement. Malheureusement si. Elle resta là, à choir devant lui, le regard apeuré, troublé, inquiet, attendant la réponse de l'homme comme on attendrait sa sentence, comme si sa vie entière dépendait des mots qu'Il prononcerait.

Trop de responsabilités sur les épaules, Nath' avait peur. Il était terrorisé à l'idée de lui faire le moindre mal. Il sentait la crise poindre dans son esprit, et se força à garder le contrôle sur lui même. Son regard fut doux lorsqu'il regarda de nouveau Yazmina. Comment pouvait il aimer une femme qui, de par son physique et sa morphologie, aurait plus pu être sa fille que sa femme ? Il savait qu'Amberle était fichée en lui pour encore un bon bout de temps. Et pendant ce temps là, il ne devait pas souiller sa mémoire.

Patience était le maître mot. S'ils étaient patients, tout irait bien. Il eut un long soupir, un sourire adorablement tendre au visage, plongeant un regard doux en elle.

"Ah, ma petite Yazmina .."

Elle lui en aura fait voir de toutes les couleurs aujourd'hui. Non sans lui déplaire. Il décida qu'il était idiot de la laisser sombrer et tomber à terre bêtement alors qu'il pouvait la retenir de ses bras. Ses doigts descendirent lentement le long du corps de la femme, et il les laissa choir contre les reins de Yazmina. Lentement, il la ramena vers lui, jusqu'à ce qu'elle soit collée contre son corps brûlant et basané. Là, il ferma lentement les yeux, sentant le petit coeur battre contre son torse puissant. Un léger sourire attendri pointa sur son visage, et alors qu'il la serrait contre lui, ses lèvres allèrent se poser dans la chevelure couleur de blé de la belle. Il la berçait ainsi, avec lenteur, en silence. Espérant qu'elle ait compris qu'il avait besoin de temps.

Il aurait été bien plus sage de ne plus rien dire. De se taire définitivement afin que tout ces silences troubles s'arrêtent une bonne fois pour toute. Mais Yazmina avait décidé, un moment, de laisser sa sagesse et sa maturité d'esprit à l'écart. Cela la plongeait dans le vide, et elle ne pourrait pas décider de la fin de sa chute, c'était bien vrai. Mais elle avait confiance. Non point parce qu'elle se disait que Nathaniel lui dirait absolument et sans entrave ce qu'elle voulait entendre, mais simplement parce que, quelque soit le résultat, elle pourrait se relever.

Il ne fallait pas prendre cela comme de l'indifférence, bien au contraire. Mais déjà, petite, elle avait grandie, vite. Cela, heureusement pour elle et contrairement à d'autres, n'avait fait que l'aider. Parce que peu sont les petites fillettes d'à peine cinq ou six ans qui ont appris à devoir s'éveiller la nuit, sortir sans bruit d'une cachette quelconque, et fuir doucement, sans bruit, suivit de leur père faussement accusé d'un meurtre et de leur grande soeur que le temps avait assagi. Déjà, elles avaient appris à ne plus être triste de tout ce scénario qui se répétait sans fin. Elles avaient peur parfois... mais la peur ne vient-elle pas de l'inconnu ? Alors, plus le temps passait, plus la peur se lassait d'elles et s'éloignait. Yazmina avait grandi vite pour cela et pour toutes les fois où elles devaient mentir à des officiers, ou même se cacher derrière une façade de quelquonque bâtiment dès qu'elles les voyait approcher. Angélique et Yazmina, toujours accompagné de leur père si doux et confiant, avaient même vécu, vers l'âge de 10 et 7 ans, dans la forêt, accompagnés d'une bande de loups. Puis son père avait été arrêté... un procès s'ensuivit, on le libéra finalement. Mais tout de même. Un homme d'une famille très riche qui sort de la prison rapidement. On pouvait le dire innocent, certains conservaient parfois de mauvaises pensées à tort.

Yazmina sortit de sa rêverie. Et elle remerciait. Qui ? Elle ne savait trop. Tant de gens. Remercier pour cette maturité, cette ouverture d'esprit qu'on lui avait offert... et qu'elle laissait maintenant, le temps de quelques paroles toutefois, de côté. Elle s'en voulut lorsqu'elle vit la façon dont Nathaniel la fixait. Mais elle n'allait pas reculer, pas cette fois. Elle était fin prête à en subir les conséquences. Il parla. Ce mot, petite, la dérangea un instant, mais elle n'en tint pas vraiment compte. Déjà, il la serrait contre lui, ses mains posées sur ses reins. Elle l'enlaça de ses bras. Yazmina sentit le contact des lèvres sur sa tête. Elle sourit, alors que Nathaniel la berçait comme une enfant. Elle suivit son rythme lent et doux, cachant son visage dans le torse du jeune homme. Il n'avait rien à craindre, elle avait compris.

Il la serrait ainsi, sans trop forcer, de peur de lui faire du mal. Il sentait la fragilité à fleur de peau de la femme, et quoi qu'elle dise, il était certain qu'il suffisait de la serrer un peu trop fort contre lui pour la briser. Ce qu'il ne voulait absolument pas. La ramenant juste contre lui, il baisa ses cheveux longuement, les yeux mi clos, sentant le petit coeur battre doucement contre le sien. Ils n'avaient plus froid, la nuit les enveloppait dans un voile d'intimité, un cocon protecteur que Nathaniel affectionnait tout particulièrement.

Il sentit instinctivement que l'adjectif "petite" avait fait ticquer la femme. Cela lui avait déplu. Devait il réitérer sa phrase pour qu'elle comprenne ? Il pensait que non. Doucement, il lui envoya des effluves télépathiques, pour lui faire comprendre que, bien plus que petite, elle devait se focaliser sur le "ma". Un possessif. Utilisé par un possessif de nature. Car Nathaniel était peut être sage, mais quand il était jaloux, ce n'était à moitié. Il aurait tué le premier qui aurait approché la femme alors qu'elle n'aurait pas voulu.

Il sentit alors qu'elle avait compris. La façon dont elle se laissait choir dans les bras puissants lui prouvait qu'elle avait confiance en son jugement. Il eut un tendre sourire reconnaissant, alors que son coeur gorgé de douceur, voulait lui montrer que cela n'était en rien contre elle.

Lentement, il se recula un peu, et se pencha en avant. Son bras passa alors sous les genoux de Yazmina, alors que le second bras était toujours dans le dos de la Dalharen. Le regard doux, il se redressa alors, la femme ainsi déposée dans ses bras. Il la jugea étonnamment légère. Un demi sourire perça sur son visage, et il la fixa d'un air timide. Le rouge lui monta aux joues alors qu'il la déposait sur une couchette. Une couchette qui n'était pas celle destinée à Yazmina au départ. Il l'allongea donc, et se coucha lentement à ses cotés, dans un soupir étouffé de soulagement. Ereinté par sa dure journée, il inspirait profondément, allongé sur le dos, fixant le plafond d'un air pensif. Finalement, il se tourna vers elle, et apposa un index doux contre la joue fraîche de la jeune femme. Son regard était attentif et posé. Il ne voulait pas parler. Il sentait que c'était inutile. Il la fixait ainsi, ses yeux se posant sur les courbes douces du visage de l'elfe. Enfin, il poussa un autre soupir de contentement. Un soupir qui aurait pu se traduire par une exclamation de bonheur devant pareille beauté. Lentement, ses doigts se posèrent sur la nuque de Yazmina, alors qu'ils étaient toujours allongés face à face, et il approcha le visage de la femme du sien. Ses lèvres se déposèrent avec douceur contre le front de la blonde. Il se sentait bien. Il était certain de ne pas regretter cette rencontre.

"Bonne nuit."

Il murmura avec tendresse, ses doigts descendant pour aller se poser sur le flanc de la belle. Là, il ferma lentement les yeux, un sourire léger aux lèvres, de plénitude, alors qu'il respirait de plus en plus lentement. Il faisait mine de dormir, mais cela était feint. Il était bien éveillé, et prêt à protéger la Dalharen du moindre danger qui pourrait surgir.

Toujours bercée par Nathaniel, Yazmina ne disait rien, de peur d'en dire trop. Selon elle, tout avait été dit. Elle était désormais sereine et non en déséquilibre comme quelques minutes auparavant et elle avait la certitude que ce sentiment était partagé, à son grand soulagement. Elle ne sentait plus le sol sous ses pieds. Que les bras musclés et réconfortants de Nathaniel autour de sa taille, la brise humide et enveloppante de la nuit. Pour rien au monde elle n'aurait voulu quitter ce cocon protecteur, douillet dans lequel elle se sentait en sécurité, heureuse. Elle ne demandait rien de plus pour le moment car du temps, il y en avait beaucoup. Cette réflexion lui était peu familière, elle qui disait que le temps passait toujours trop vite. Preuve que malgré sa grande maturité d'esprit, elle ne possédait pas encore toute la sagesse. Qui la possédait par ailleurs ?

Un instant, elle recula sa tête du torse de l'homme pour regarder ce visage qui la faisait sentir si bien, pour ensuite la reposer. Il l'embrassa doucement sur la tête, à quelques reprises et à chaque fois, il lui semblait un peu plus difficile d'accepter que cette étreinte ne serait pas éternelle... Mais toute bonne chose avait une fin. Elle ressentait toutefois que ce moment ne serait pas l'unique. Elle sourit. Yazmina le sentit alors relâcher son étreinte, elle ne lui en voulut pas. Du temps... Elle releva la tête, sans bruit, pour plonger son regard dans le sien. Doucement, elle fut alors soulevée de terre, non pas au sens figuré, mais au sens réel cette fois. Il la portait dans ses bras, lui souriant. La jeune Dalharen, d'un naturel romantique apprécia grandement cette attention et lui sourit en retour.

Il la déposa sur une couchette, pour ensuite s'allonger à ses côtés. Elle replia un bras derrière sa nuque, contemplant le plafond. Encore jamais elle n'avait été aussi chamboulée en si peu de temps. Décidément, c'était une bien drôle de soirée. Elle n'avait jamais rien vécu de pareil. Ce qui semblait à prime abord une simple rencontre s'était vite transformée en scénario plutôt incessant dans ses changements de direction. Yazmina sentit son regard sur elle. Elle tourna sa tête vers lui et il caressa sa joue du doigt. Joue qui, comme sa compaire, s'empourpra rapidement. Mais cette gêne n'était qu'enfantine. Elle était bien. Il lui baisa une dernière fois le front avant de lui murmurer "bonne nuit".

- Bonne nuit, dit-elle, sourire aux lèvres.

Confiante, sereine et détendue elle ferma les yeux, ses paupières masquant son regard brillant et tendre. Elle se rapprocha un peu plus, la main du jeune homme se posa sur sa taille et presqu'aussitôt, elle s'endormit. De loin, au aurait pu croire qu'elle faisait semblant, tant son sourire sur son visage illuminait celui-ci... Mais la jeune Dalharen était bel et bien endormie, voyageant dans le monde des rêves, le coeur serein.

[Atrocement court, je savais pas quoi marquer >_<]

Toute la nuit le jeune homme veilla sur elle. Il psalmodiait de douces paroles, de sa voix envoutante et profonde, et caressait sans cesse ses cheveux, baisait sans cesse son cou. Les yeux mi clos, il respirait à plein nez le parfum de cette femme aux cheveux couleur épi de blé, et il se sentait parfaitement bien. Un soupir s'échappa de ses lèvres alors qu'il la sentait assoupie profondément. Elle portait donc en lui tant de confiance ..

Il se mordit la lèvre, un peu, et entreprit de somnoler. Rien ne vint les troubler jusqu'au petit matin. Alors que les premiers oiseaux chantaient, Nathaniel se redressa, et sortit de la chambrée en laissant la porte entrouverte, pour aérer la pièce. Après avoir cueilli environ un kilo de baies apétissantes, il revint sur ses pas et les déposa dans des coupelles, non loin de la couchette de la petite elfe. Il se rallongea alors près d'elle, se pelotonnant peut être un peu trop contre le corps tiède, le nez calé contre son cou, humant son parfum en silence, presque prêt à se rendormir alors que le matin commençait déjà à étirer ses rayons lumineux et rosés sur les Monts de Brume.

Lorsqu'enfin la femme daigna ouvrir les yeux, il lui offrit un sourire aussi radieux que le Soleil, et caressa la joue de la femme avec douceur. Là, il lui murmura un petit "bonjour", tendre, et alla caresser ses cheveux, recevant le souffle tiède de la femme dans l'épaisse crinière sombre dont était pourvue sa tête. Il ne fallait pas trop se précipiter dans le lever. Nathaniel savait qu'aujourd'hui, elle repartait. Lui aussi, d'ailleurs. Dans deux mois, il serait appellé à Cala. Une expédition qu'il devrait prendre en main. Le temps lui manquait, et il voulait profiter de ces derniers instants de chaleur avant leur séparation.

Yazmina sommeillait toujours, son esprit traversé de rêves sans logique ou signification distincte, comme à son habitude. Des visages, des lieux, des voix venaient et partaient, sans ordre précis, se mélangeant pour donner un résultat flou et incompréhensible. De loin, des paroles semblaient lui venir, et pourtant, elle n'arrivait pas à les percevoir. Mais peu lui importait, elle était bien. Une seule fois, pendant cette courte nuit, elle s'éveilla, sans raison apparente. Les premières secondes, désorientée, elle se demanda où elle était. Elle repoussa de la main sa mèche qui cachait ses yeux et aperçut le visage de Nathaniel... paisible, contrairement à la dernière fois.

Au matin, les premiers rayons de soleil baignèrent l'horizon de leur douce lumière. Bien vite, ils se frayèrent un chemin à travers champs et fourrées. Ils atteignirent alors la forêt où était construite l'humble cabane de Nathaniel et pénétrèrent une des fenêtres de celle-ci, inondant la pièce de lumière. Yazmina se retourna dans son sommeil, dérangée par cette soudaine clarté, mais paisible, elle ne se réveilla pas. Toutefois, quelques instants plus tard, elle sentit une présence contre elle qui s'était pelotonnée confortablement. Doucement, elle cligna des paupières et sourit tendrement à celui qui l'avait rejoint. Elle murmura un bonjour pour répondre à celui de Nathaniel. Il passa une main dans ces cheveux alors qu'elle posait la sienne, tiède, sur la joue de ce dernier, la caressant.

Regardant doucement Nathaniel elle pensa au fait qu'elle devrait bientôt, très bientôt, repartir. Elle ne pouvait pas rester ici éternellement. Mais elle avait grand espoir que cette première visite ne soit pas sa dernière. Elle se convinct de ne pas réfléchir à tout cela, de vivre le moment présent pour maintenant. Demain viendrait bien assez vite.

(Pour une séparation, elle sera plutôt courte finalement XD)

Il apprécia beaucoup ces instants de douceur et de tendresse entre eux. Il aurait aimé que cela ne cesse jamais. Mais il savait que cela serait de courte durée, et qu'il ne fallait pas tenter le diable en éternisant cet instant qu'il savait éperdument bien éphémère. Après un léger soupir, il se redressa, et se leva avec lenteur. Il tendit sa main, aidant ainsi la Dalharen à se relever elle aussi. Les yeux mi clos, il était pensif. Il se demanderait quand est ce qu'ils se reverraient.

Un jour, cela était certain. Mais bientôt, ou dans un futur lointain ? Il n'en savait rien. Ce qu'il savait, c'était juste que leurs chemins se recroiseraient. Comme le disait si bien son suzerain sur le champ de bataille : C'était écrit.

Un léger sourire se peignit sur ses traits, alors qu'il tendait les coupelles de fruits vers son hôte. Il se demandait si elle préférerait autre chose à grignoter. Elle demanderait, si c'était le cas. Lentement, il s'éclipsa, et alla se vêtir d'une chemise d'un blanc neigeux. Il revint vers Yazmina, avec lenteur, le dos à demi courbé. Il sentait le poids des adieux sur ses épaules. Il n'aimait pas cela. Même si ce n'étaient pas des adieux à proprement parler. Silencieusement, il se posta dans un coin de la pièce, et fixa la femme qui se préparait.

Le poids des adieux se faisaient de plus en plus lourd. Yazmina sentait l'heure de leur séparation se rapprochait à grands pas. Et pourtant, elle ne craignait pas ce moment. Cela l'attristait, en effet, de savoir que pendant quelques temps, plusieurs peut-être, elle ne reverrait le visage de Nathaniel. Mais l'inquiétude n'avait pas sa place dans le coeur de la jeune Dalharen. Elle avait toujours fait confiance au destin, même quand ce dernier vous semblait injuste ou inopportain, à un moment ou un autre.

Parce qu'au bout du compte, lorsqu'on y réfléchissait, il nous était utile. Combien de fois Yazmina n'avait-elle pas remercié un mauvais évènement qui s'était ensuite révélé utile et heureux ?

Voilà pourquoi, elle était sereine. Nathaniel s'était relevé, tendant la main. Elle la prit doucement dans la sienne et, comme naturellement, il la releva. Elle semblait ne pas avoir de poids pour lui. Il avait quitté la pièce pour ensuite y revenir alors que la Dalharen nouait ses cheveux. Elle leva les yeux vers lui. Il restait accoté au mur, sans un mot, son regard posé sur elle. Elle devina son air pensif. Yazmina s'approcha de lui, pencha la tête sur le côté pour rencontrer les yeux de Nathaniel et se contenta de sourire doucement, prenant sa main dans la sienne.

Nathaniel était fatigué de sa veille. Pourtant, un poids bien plus lourd que le sommeil le harrassait à ce moment précis. Il ne savait pas mettre de nom dessus, mais il sentait ce que c'était. C'était un pincement au coeur de plus en plus fort, à mesure qu'il sentait la Dalharen sur le point de partir. Il était plongé dans les pensées de cette superbe nuit qu'il venait de passer, tentant de se remémorer le parfum doux des cheveux de la belle alors qu'elle choyait dans ses bras puissants.

Il eut un long soupir triste lorsqu'elle s'approcha. Il réajusta une mêche de cheveux ambrés derrière l'oreille de Yazmina, et un léger sourire triste se peignit sur ses traits. Elle pencha la tête pour croiser son regard, il lui rendit un regard empreint d'incompréhension. Le murmure qui s'éleva dans sa gorge était grave, incertain, hésitant.

"Ne m'oublie pas, s'il te plait. C'est une rencontre inoubliable. J'espère qu'un jour, où tu penseras à moi, j'apparaîtrais pour te combler. Non, je ne l'espère pas. J'en suis certain."

Le sourire devint un peu plus engagé, plus doux, et il plongea un regard un brin plus confiant dans celui Yazmina. Le contact des doigts frêles dans sa paume le força à refermer instinctivement ses doigts chauds autour de ceux de la femme, pour l'empêcher de partir, la retenir, juste quelques instants encore.

Elle tentait de le réconforter par son regard doux, se voulant rassurant. Et pourtant, celui de Nathaniel restait incertain, apeuré devant l'inconnu dans lequel ils allaient bientôt plonger. La caresse de ses doigts, une nouvelle fois dans ses cheveux, si tendre et sincère, la fit défaillir. Un moment, le doute la prit, elle sembla vouloir se raviser, ne plus le quitter. Jamais. Pourtant, il fallait être réaliste, confiant. Ils se reverraient... Malgré toutes ces sages pensées, son regard s'attrista un peu.

Nathaniel prononça quelques paroles. Que sa voix lui semblait douce, chaude, suave... encore plus que tout à l'heure. Comme elle aimait ce regard, comme de l'eau, pure et claire. Il fallait qu'elle parte vite, ou cela lui deviendrait bientôt inenvisageable. Les mots du jeune homme lui firent l'effet d'une caresse, auxquelles elle répondit :

- Tu as raison de ne pas t'inquiéter... Parce qu'en effet, tout comme cette rencontre, tu m'es inoubliable. Bien rares sont les personnes qui ont habitées mon coeur et mon esprit pour ensuite les quitter.

Leurs mains jointes, il fit sa poigne plus ferme, pour la retenir.

- Ne me retiens pas Nathaniel. Tant que tu le voudras, je ne serai jamais loin.

Et doucement, parce malgré la confiance que l'on pose en le destin on ne peut jamais être complètement rassuré, elle se rapprocha plus près et posa simplement ses lèvres sur les siennes, de la manière la plus tendre qu'elle connaissait. Sans empressement, sans gestes de plus. Ce seul contact bien simple mais si doux disait tout.

Il ne voulait pas la laisser partir. Non, il n'en avait pas du tout envie. Ce qu'il voulait, c'était qu'elle reste là, encore quelques temps à profiter de lui, de ses mets, de ses petites attentions. Mais le temps les rattrappait, et bientôt, il fut l'heure du départ.

Le soupir que lâcha Nath' en convint sur son humeur morose. Il resserra sa prise sur les doigts de Yazmina, et croisa son regard. C'était une véritable amie à ses yeux. Il ne voudrait qu'elle parte pour rien au monde.

Un sourire tendre s'esquissa sur ses traits. Lentement, un éclat d'espoir brilla dans ses yeux. Elle avait parlé sagement, comme toujours. Il se contenta d'arquer les sourcils, lui envoyant des salves d'images bienfaitrices par télépathie. L'air désolé, il relâcha sa prise, abandonnant complètement les mains de la jeune fille, baisant avidement ses cheveux parfumés avant de reculer d'un pas, se redressant alors. Il était temps.

Il la raccompagna au bas de l'arbre, par le biais de l'échelle de corde. Souplement, il réceptionna la petite elfe, qu'il reposa avec lenteur dans l'herbe couverte de rosée. Il sentit sa gorge se nouer, incapable de prononcer le moindre mot. Evitant son regard, il lui envoya télépathiquement les images du chemin qu'elle devrait suivre pour retrouver son chemin vers Feorya.

Elle s'approcha, vite, doucement. Les lèvres de la belle contre les siennes lui firent l'effet d'un électrochoc. Pourtant, il n'en montra rien. Impassible, le coeur en feu de surprise, il lui répondit par un sourire, avant de reculer d'un pas. Elle devait partir, à présent. Et comme elle l'avait si bien dit, il n'avait pas le droit. Non. Il ne devait pas la retenir.

Il laissa son dos se caler au tronc de son arbre, en épousant la forme, le regard terne et vitreux de tristesse, laissant la femme s'envoler comme une petite colombe à travers les arbres. Il était serein, pourtant. Sûr d'une chose qui lui embaumait le coeur avec douceur.

Cet au revoir n'était pas un adieu.

(C'est tout mignon ! ^^ ...Bon, eh bien, je crois que ça se finit là... On se revoit à Deleïr ?)

[No problem X)]

[Post terminé ^^]

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