Retour des Plaines... [ La Caverne ]

Alyahanna arriva en galopant à brides abattues. Son cheval écumait, mais elle s'en moquait, encore retournée par la rencontre qu'elle venait de faire. Arrivée aux abords de la Caverne, lieu de prédilections de tous les Oubliés, elle se laissa souplement tomber de selle et entra comme une furie. Les regards de son peuple se retournèrent sur son passage, mais pour une fois, elle n'eut pour eux ni un sourire, ni une expression bienveillante. Juste un regard vide, inexpressif.

Elle hâta le pas, se dirigeant vers les quartiers Royaux de la gigantesque salle. Elle susurra au gardien, en passant:

Que l'on ne me dérange sous aucun prétexte.

Puis, alla se laisser tomber sur le lit recouvert de plumes bleutées et blanches, son mari étant visiblement absent. Et là, seule, enfin coupée du monde, elle pleura. La Reine avait disparu, il ne restait que la femme...

Au bout d'un temps qui sembla être une éternité, elle se releva, droite, froide, son visage ne révelait aucun sentiment... Elle quitta les quartiers royaux, puis la Caverne en elle-même, sous le regard inquiet des Oubliés qui n'osèrent cependant pas interrompre son chemin. Une fois dehors, suivie de son gryffon, elle se mit en selle et lança la monture au galop...

(hrp: [loool] à la base, ce post date d'avant mon départ pour le Nirvana et donc d'avant notre rencontre... Je vais le modifier un peu pour qu'on puisse suivre ptdr )

La Souveraine, après être allée au Nirvana, ne ressentait plus la moindre des sensations qui la faisait souffrir auparavant. Elle entendit cependant un galop propre à l'un des Chevaux Oubliés et ralentit l'allure. Nanïmé, la jeune Elfe qui l'avait accompagné, la suivait. Elle mit sa propre monture au pas et se laissa rattraper. Une promenade ne lui ferait pas de mal.

Je suis désolée... Je ne suis pas très galante envers toi, et nous voici maintenant bien loin de la caverne. Mais peut-être pourrions-nous y retourner au pas. Ainsi, je te ferais découvrir mon Domaine, et peut-être (si tu le désires) pourras-tu me parler de toi et de la raison qui t'a amenée ici. Je lis de la tristesse dans tes yeux, et je sais très bien à quel point cela peut être douloureux de vivre avec un secret que quasi nul ne connaît. Je suis là, si tu as besoin un jour de parler.

Sa voix était sincère et ce fut à cet instant là qu'elle prit définitivement Nanïmé sous sa coupe. Bien que l'elfe fut libre de partir quand bon lui semblait, elle était bénie des Oubliés et désormais une invitée de marque en ce Royaume. Officieusement, elle était devenue l'une des leurs et quiconque s'en prendrait à elle verrait s'élever la fureur d'Alyahanna, couplée à celle de son peuple. Mais ce temps-là n'était pas arrivé, les Oubliés savaient prendre soin l'un de l'autre et ils s'occuperaient de la jeune Elfe comme si elle était royale. Bien qu'elle ne le sache pas encore, la nouvelle venue venait de se trouver une seconde famille.

Alyahanna avança quelque peu et répondit après un long moment.

Je suis souverraine des Terres Oubliées depuis très longtemps. Il faut que tu saches avant tout que je pratique la magie et j'étais amoureuse d'un roi, Envir. Mais ce n'était pas vraiment réciproque. Alors je l'ai ensorcelé et il est devenu littéralement fou de moi. Nous avons été amants et un enfant est né de cet "amour". J'ai pris peur, car je savais que mon mari ne me pardonnerait jamais cet écart. Je suis donc partie, j'ai disparu le temps de la grossesse et une fois l'enfant née, je l'ai abandonnée à une aimable famille de paysans. Je ne voulais pas, mais je n'avais vraiment pas le choix. Il y a quelques temps, j'ai dû apprendre à Envir qu'il avait une fille et que j'avais dû l'abandonner. Cette rencontre m'a littéralement dévastée, la culpabilité que j'éprouvais alors est remonté à la surface si je puis dire. Il m'a fallu m'en débarrasser, je suis donc partie au Nirvana, lieu qui te permet de faire face à tes propres démons intérieurs et de les combattre définitivement. Lorsque j'en suis sortie, je t'ai rencontrée. Et te voir ainsi seule m'a fait penser à ma propre fille. Et je ne pouvais pas supporter l'idée de t'abondonner à la solitude comme je l'ai fait avec elle.

La jeune femme baissa les yeux, et retrouva son silence. Ciel-Bleu voletait toujours autour d'elle et vint se placer à la hauteur de son visage, lui donnant une caresse qu'elle espérait réconfortante...

La Souveraine considéra ce qu'elle venait juste de faire... Elle avait parlé de son histoire à une personne qui n'en avait jamais rien su... Et elle s'en voulu, elle s'en voulu de ne pas l'avoir fait plus tôt. C'était pour elle un soulagement immense, d'enfin pouvoir parler.

Nanïmé lui prit la main et lui dit des paroles réconfortantes, deux choses qu'elle apprécia grandement et qui lui firent le plus grand bien. Puis elle s'interrogea et osa demander d'une voix calme

Et toi? Quelle est l'histoire de tes parents? Peut-être peux-tu commencer par me dire comment ils s'appellaient et si tu ignores qui les a tués, nous avons un érudit qui pourrait sans doute t'aider. De même, si tu connais le nom de la personne qu'il te faut tuer, sans doute saura-t-il t'aider, car il connaît l'emplacement de tout être en ce monde. Il a été rejetté par les siens à cause de ce savoir, et je tiens à te dire qu'il est à ta disponibilité en cas de besoin. Je tiens à t'aider comme tu désires m'aider...

Inconsciemment, la main de la Souveraine se serra un peu plus, sans pour autant faire mal. Avoir parlé lui avait fait du bien, Nanïmé serait un peu comme sa fille, sans l'être pour autant, elle en était bien consciente, mais elle bénéficierais de toute l'aide, protection et soutien qui incombait à ce titre.