En ronchonnant [PV Ysa']

[Wii, j'suis désolée, mais là, pas moyen d'être active. N'en fais surtout pas une affaire personnelle, hein! D'ailleurs, je ne poste presque plus par manque de temps. Sorry Sad

]

(OK, je te comprends. Pas grave, du moment que je sais ^^)

Ysa avait l’œil, sans aucun doute. Mais elle faisait bien de se garder de faire remarquer une chose pareille à Elaryan. Quand on perd un être cher, on préfère éviter les questions indiscrètes. Renfermement, distances, puis plus un mot. Cela risquait sans aucun doute d’arriver si on mentionnait cet élément qu’elle ne voulait pas avoir à combattre. Car oui, c’était un combat perpétuel, combat pour la vie. Un seul être serait apte à la faire changer, à lui redonner son véritable sourire, à la faire aimer. Elle ne l’avait pas encore rencontré et pour elle, il n’existait pas.

La jeune femme lui posa une question à laquelle Elaryan mit un temps à répondre. Son père … Depuis combien de temps ne l’avait-il pas vu ? Elle aussi … Elle aussi cela faisait trop longtemps. Son cœur la fit souffrir, une atroce douleur, perpétuelle, une marque gravée, impossible à enlever. Son père … Son maître. Elle cacha son mal par un sourire et un peu de fierté légèrement visible sur son visage. Regardant la visiteuse dans les yeux, elle hocha la tête et acquiesça :

*C’est juste, vous avez raison.*

Il y a quelques années, elle aurait rougis, baissé les yeux et ajouter dans un murmure « la fille adoptive ». Dans le cœur de sa famille, il n’y avait aucune différence, dans le sien non plus. Les habitants s’étaient habitués à Elaryan autant qu’à Suki. Mais, la guerrière savait bien qu’elle n’avait pas la priorité, elle ne l’aurait jamais et elle ne le cherchait pas. Mais entre un enfant de sang et un enfant de cœur, il y avait toujours cette petite différence. Et c’était ça, justement, qui la blessait profondément. Cette simple différence. Elaryan avait grandit, mûri, mentalement parlant et elle était désormais capable de comprendre bien des choses.

*Avez-vous des frères et sœurs ?*

demanda-t-elle doucement à Ysa, en cessant de manger.

Ysaedda hocha la ette, puis la secoua tristement en se mordant la levre inferieure pour l'empecher de trembler. Voila bien longtemps qu'Elvónd etait mort mais la douleur n'avait ete que peu attentuee par le passage des annees. Une mort si bete, un accident de chasse. Une chose aussi bete qui avait cause tant de malheur et avait conduit a la mort de Cindra.

Vingt ans... Rien dans la vie d'un elfe, des poussieres. Mais une eternite quand on parlait de la disparition d'un etre cher. Vint ans, un septieme de la vie d'Ysaedda. Trois fois rien. C'etait peut-etre bien pour ca que la douleur etait toujours aussi vive que le jour ou son meilleur ami avait ramene la depouille du jeune elfe a la maison de sa famille. Elaryan connaissait-elle ce genre de chagrin profond? La demi-drow esperait que non, mais quelque chose lui disait que oui.

Detruit. Oui, voila bien la bon mot. L'eclat avait quitte le regard de Cindra la Belle ce jour-la, son rire etait mort en meme temps que son fils. Et plutot que de faire face a la realite et venir a l'accepter, la sylvaine avait prefere s'isoler loin du monde pour etre seule avec elle-meme et son chagrin qui ne la quittait plus. Son chagrin qui etait devenu plus proche d'elle que son mari et sa fille. Et bien qu'Ysa comprenait au fond d'elle la reaction de sa mere, elle lui en avait toujours voulu de l'avoir abandonne ainsi quand elle avait si grand besoin du reconfort d'une mere.

Elaryan se mordit violemment la lèvre, dans une discrétion toute préconçue. Elle avait toujours été maladroite, ça ne changerait certainement jamais. Mais en ce moment, elle avait envie de se terrer, de s’enfoncer dans un trou et d’y rester enfermée pour que cela s’arrête. Impossible, évidemment.
La guerrière posa sa main sur celle de la jeune femme. Elle sourit très faiblement avant de murmurer mentalement, la gorge serrée :

*Je suis affreusement désolée.*

C’était la pure vérité, cela s’entendait, cela se voyait. Jamais Elaryan n’aurait volontairement blessé la Zha’Linthienne. Et ses excuses résonnaient vraies, touchées. Si seulement la demi-elfe pouvait avoir idée de sa peine, à ce moment-là. Comme pour ajouter une excuse supplémentaire, lui faire comprendre qu’elle était sincère, Elaryan ajouta :

*J’ai moi aussi perdu un frère.*

Cette pensée lui déchira le cœur. Il n’était pas mort. Il vivait en elle, il avait continuer d’exister au plus profond de son être et jamais personne ne pourrait affirmer le contraire. El’ ne s’étendit pas sur son nombre de perte : Son père, sa mère, son oncle … Sa sœur. Oh, Amatìrë … Où était-elle ? Elle refusait de la croire morte, elle refusait de croire ses mots stupides. Non ! Sa sœur n’était pas morte. Impossible. Elaryan s’était jurée de la protéger, quoiqu’il arrive. Elle tiendrait parole. Elle la retrouverait.

Non, Ysaedda n'avait pas voulu causer de la peine a Elaryan, ca jamais. La demi-drow secoua la tete avec un mince sourire qui lui etirait ses levres fines. Elle signifiait ainsi, sans avoi recours a des mots, qu'El n'avait pas a sentir coupable pour ca, qu'elle ne pouvait pas savoir, et qu'Ysa ne lui en voulait nullement. Non, ne soyez pas desolee. Voila ce que disait son regard profond. Ne vous sentez pas coupable pour moi.

Surtout qu'El aussi avait souffert. Elle aussi avait perdu un frere. Elle aussi connaissait ce chagrin, cette abyme. Pauvre Elaryan. Voila donc la cause de ce regard hante. Une boule de colere se forma dans la poitrine d'Ysaedda, mais cette colere n'etait pas destinee a l'humaine. Non, pas du tout. Elle etait destinee au sort. Au sort de perdre un etre qu'on aime. Un sort que personne ne devrait avoir a subir.

*Je suis desolee pour vous...*

Æsir se leva, delaissant les restes de son repas et alla vers la jeune princesse. Plongeant son regard dore dans les yeux verts de celle-ci, il s'assit face a elle avant de poser sa grande tete noire sur la cuisse d'Elaryan. Le loup ferma a demi les yeux, et quand il les rouvrit, on pouvait y lire une compassion sans bornes. Il souffrait de voir les deux jeunes femmes souffrir. Il voulait les aider.

*Je suis desole, moi aussi.*

Ce moment, El’ l’avait évité le mieux possible. Et la voilà confrontée au pire en présence de quelqu’un qu’elle ne connaissait que depuis quelques heures. La tension était palpable du côté de la princesse, mais elle tenta de ne pas y prendre garde. Elle était peinée, ça oui. Mais plus pour Ysaedda que pour elle-même. Elaryan avait apprit que la vie n’était pas toujours juste, elle avait apprit également à compatir pour les autres plutôt que de rester obnubilée sur sa petite personne.
Etrange situation. Chacun compatissait pour l’autre. Chacun aurait certainement voulu souffrir à la place de l’autre.

*Merci à tous les deux.*

Elle s’apprêtait à ajouter quelque chose mais elle en fut empêchée par la rune qui redevint visible pour gigoter devant la guerrière. Elle paraissait affreusement tendue et sa petite voix ne tarda pas à résonner dans l’esprit de la jeune femme, aiguë, crispée.

*Elaryan, ça fait trois fois que j’essaie d’attirer ton attention ! Soklian à des ennuis.*

*Encore ?*

gémit la guerrière.

*Mais cette fois c’est sérieux. Tu connais sa fierté, il ne demande jamais de l’aide. Il n’a pas arrêté de m’envoyer des images de sa position … Il est au dehors. Il est encerclé.*

Elaryan posa une main sur la tête du loup, sans peur car, aussi étrange que cela puisse paraître, elle savait qu’il ne lui ferrait rien. (Rappelons tout de même que le loup était d’une taille … Impressionnante.) Elaryan se leva, résignée. Elle rabattit son capuchon sur sa tête et jeta un coup d’œil à Ysa avant de lui dire :

« Quoiqu’il arrive, n’approchez pas. »

C’était un ordre sur lequel la guerrière quitta l’auberge.

(Je te repondrai plus tard, j'ai pas l'inspiration la...)

Ce n'est rien. Les mots s'etaient deja formes dans l'esprit d'Ysaedda quand cette pensee fut interrompue brutalement. Mais qu'est ce que c'etait que ca?? Une rune qui surgissait de nulle-part et puis le depart... disons subite de la princesse. Bon, tout etait possible apres tout. Mais si Elaryan quittait d'une maniere aussi imprevue l'auberge, il devait y avoir une bonne raison. Et si elle demandait - non ordonnait - a Ysaedda de ne pas s'en meler, cette raison devait etre soi privee, soi dangereuse. Et Æsir etait du meme avis que la demi-drow en pensant qu'il y avait de fortes chances que ce soit la deuxieme possibilite. Du danger? Ysa' y etait habituee. Elle etait guerriere.

Pourtant, elle ne pouvait desobeir si directement a un ordre, surtout venant de la part d'une personne qu'elle respectait. Super. Faudrait se montrer imaginative. C'etait pas la chose la plus difficile a faire non plus...

*Æ', file voir si elle reste dans les parages, mais ne t'approche pas.*

Le loup noir hocha la tete puis, d'un bond souple, quitta l'auberge par le biais de la fenetre qu'Ysaedda venait d'ouvrir. L'elfe adressa un rapide sourire rassurant au serveur qui avait observe cette scene avec un melange de curiosite et d’effroi. C'est sur que ce genre de scene ne devait pas se produire tous les jours dans cette auberge qui etait plutot paisible. Tant pis, il y avait une premiere fois pour tout.

Ysaedda se placa a cote de la fenetre, maudissant le fait d'avoir laisse son arc avec sa jument et se demandant si cela vallait le coup de le reclamer. Enfin, elle verrait en fonction des evenements. Pour le moment, elle se contenta de tirer sa dague et de preparer son esprit a la magie pour pouvoir intervenir si necessaire sans pourtant s'approcher. A present, elle n'attendait plus que les informations d'Æsir.